Lié à jamais? [Hikari]

C’était un soir comme tous les autres, enfin presque. Par habitude, je passe de la ville aux autres endroits pendant qu’il fait déjà noir. Il y a déjà moins de risques que l’on me voie… Je me ‘promène’ donc, accompagnée de ma lampe qui éclaire faiblement les environs. Celle-ci a toujours été faible, et je n’ai jamais cherché pourquoi mais cela a peu d’intérêt… Dans tous les cas, ce soir, c’est bien calme. Les habitants de la ville semblent tous être allés se coucher. Et oui, malgré cette longue solitude, j’ai encore tendance à chercher des endroits peu peuplés et calmes… Marchant dans les rues sombres, avec comme unique lumière celle que j’ai dans ma main. Sauf, qu’à un moment, je me sens obligée de m’arrêter. Je ressens…une drôle de sensation. Peu habituelle. Je ne sais pas ce que c’est. Et je n’ai qu’une envie, c’est de m’en approcher. Je navigue donc un peu partout en cherchant vers où elle est plus importante. D’un côté, celle-ci me fait un peu peur… Mais je suis trop curieuse pour ne pas aller voir ce que c’est. J’en arrive donc à trouver une personne. Cela…semble venir d’elle. Dans la nuit, je ne le distingue pas très bien, surtout qu’il semble habillé de noir. Je ramène donc ma lampe d’où elle vient, la faisant disparaitre afin de suivre cette personne le plus discrètement possible, donc sans cette lumière… Il semble ne pas m’avoir remarquée, alors je le suis…le plus loin possible, de là où je peux à peine le percevoir. Alors que je suppose que lui, il me verrait bien en se retournant… Mais tant qu’il ne le fait pas, je n’ai aucune raison de fuir… Il se dirige vers l’extérieur de la ville. Pour aller…jusqu’au lac de cristal. Je suis déjà venue jusqu’ici, c’est un lieu…un peu étrange mais qui ne me fait rien d’autre. Et voilà qu’il s’assoit sur un rocher. Le lac…mon regard est aussi posé vers lui, tout comme…cet inconnu. Voilà qu’il sort la dague. Sensation plus forte…presque insupportable…Cela m’intrigue encore plus. Pourquoi cela m’atteint autant ? Normalement, les lames ne devraient pas avoir d’effet sur moi… Et il la plante dans le rocher, chose qui me fait presque sursauter… Après quelques instants, voilà qu’il s’allonge. Je m’approche donc lentement, pensant que c’est le moment. Sensation plus forte…Envie plus forte de savoir ce que c’est… Jusqu’à ce que je me retrouve juste à côté de lui, mes mains sur mes oreilles comme s’il y avait un son. Qu’est-ce ? Je ne sais pas. Quelques mots murmurés s’échappent alors de mes lèvres, pensant qu’il dort, tout en continuant d’observer cette dague...

« Qu’est-ce ? »

Je continue d’observer la dague, ne faisant pas vraiment attention à lui, jusqu’à ce qu’il…se redresse d’un coup. Je fais d’ailleurs de même, m’éloignant un peu de lui par la même occasion. Voilà qu’il retire cette dague de la roche… Avec des yeux…vraiment étranges…noirs…Pourquoi quelqu’un d’aussi noir se trouverait à Celestia… ? Mais, je ne bouge pas plus. Ce ne serait pas son regard qui me ferait fuir, mais plutôt…cette chose… Voilà alors que j’entends sa voix…tiens…que faisais-je ? En tous cas, il ne semble pas vouloir quitter mon regard. Pourquoi ? Bonne question. Et voilà qu’il se relève pour se rapprocher. Mauvaise idée. Cette dague ne me plait pas trop. J’ai même l’impression qu’elle me parle. Mes mains viennent systématiquement se mettre sur mes oreilles. Tais toi…tais toi… Trop proche… Mes pieds se retirent alors ‘du sol’ pour m’éloigner de lui. Il pointe une arme sur moi. Je ferme donc un court instant les yeux, et ma petite lampe à pétrole à faible lumière vient se poser sur ma main. Et puis, sa question…me rentre comme si…je ne saurai le dire. Elle me fait un choc, je me fige, les yeux grands ouverts. Qui suis-je ? Je continue de l’observer, toujours aussi calme. Il tremble, n’a pas l’air en confiance. Je me mets alors à murmurer, d’une voix douce.

« Qui suis-je…qui suis-je ? C’est ce que je cherche… »

Je me tais alors et continue de l’observer. La petite lumière le rend plus visible malgré la nuit…et la distance qui nous sépare. Du noir, du noir… Il ferait presque penser à un ange déchu. Ce qui est peut être le cas. Ma douce voix brise à nouveau ce silence.

« Et…qui êtes vous ? »

Une question bien banale. Mais, avant de demander à quelqu’un qui il est, le mieux ne serait pas savoir qui l’on est d’abord ? Je ne suis pas la mieux placée pour dire cela. Mais le vif du sujet, ce n’est pas cela. Je m'éloigne toujours un peu de lui, lentement. Je n'ai rien contre lui. C'est juste que je n’apprécie pas trop la compagnie de cette dague.

« Cette dague…qu’est-ce ? »

Je ne le quitte toujours pas des yeux, prête à ouvrir le verre de la lampe si jamais il compte m’attaquer avec cela. Mais ce n’est pas en étant agressif qu’il va recevoir de jolies flammes qui vont venir le brûler… Il en faut plus pour que j’utilise ce pouvoir… La fuite étant la meilleure option.

Je l’observe, chaque détail, chaque mouvement, bien qu’il ne bouge pas beaucoup. En tous cas, pas avant qu’il ne s’éloigne avec…sa main levée. Cela est censé signifier quoi ? Je ne sais pas. En tous cas, je ne bouge pas. C’est peut être ce qu’il veut. Voilà qu’il parle de nouveau. Ah, il veut se calmer… Je renvoie donc ma lampe d’où elle vient. Il n’y en a plus besoin, alors. Voilà qu’il range sa dague, ce qui ne rend pas son appel moins…fort, puissant… Sans le quitter des yeux, je remarque que ses tremblements semblent moins fréquents. Mais je ne vois pas de quoi il peut avoir peur… Yuichi… Il me donne son nom, pas qui il est. Mais si c’est cela qu’il voulait… Ah, il veut aussi connaître la raison de ma venue. C’est pourtant simple. A moins qu’il n’ait peur que je la lui embarque. Cela pourrait se comprendre, mais… J’ai l’air d’être un ange ou un élémentaire ? Je ne crois pas… Je suis une petite source de lumière, je brille dans le noir. Je ne peux être qu’un esprit. Il ne peut donc pas le remarquer ? Pourtant, mes pieds ne touchent pas le sol. Ils pourraient passer à travers s’ils le voulaient, mais… Mon regard reste rivé sur son visage, tout comme le sien. Ses yeux…sont vraiment étranges. Un coup noir, un coup moins. La peur, peut être ? Possible, possible… Et puis zut, hein. Peu importe… D’un côté, j’aimerai bien qu’il me dise ce qu’elle est, où il l’a eue. Je saurai peut être la raison pour laquelle elle m’intéresse autant.

« Yuichi…Si vous vouliez mon nom…Hikari… »

Il ne me reste plus que la réponse à une question. Une bonne question, d’ailleurs. J’aimerai bien le savoir, moi aussi… De là où je suis, je ne trouve qu’une solution, en fait. Lui faire comprendre que je ne suis qu’un esprit qui ne peut pas lui dérober ce qui lui appartient. Et à tout autre personne non plus… Je retire donc mes pieds ‘du sol’, qui étaient là, justement, pour faire comme si je marchais vraiment. Et, sans bouger le haut du corps, je viens plier mes jambes pour me retrouver assise en tailleur au dessus de ce sol… Vous savez, comme le génie dans Aladin.

« Que je le veuille ou non…Je ne peux la voler… »

Je me mets à nouveau à regarder la dague… O-on dirait qu’elle m’appelle. Pourquoi ? Je veux savoir… Je ne peux m’empêcher de m’approcher un peu, mais fait tout de même attention à ce qu’il ne m’attaque pas. Je ne cherche pas de problèmes, murmurant à nouveau.

« Elle m’appelle… »

Et je continue de me rapprocher, flottant toujours au-dessus du sol…

Je continue de m’approcher de lui, toujours aussi lentement. Alors que j’attendais une réaction de sa part, du moins qu’il s’éloigne ou fasse un quelconque geste contre moi, il ne bouge pas. Du tout… Le fait de voir que je suis un esprit lui a peut être donné confiance en lui. Je finis d’ailleurs par m’arrêter à un ou deux mètres de lui, ne voulant pas m’approcher plus mais surtout en entendant sa voix. Il veut….que je vérifie quelque chose ? Je me demande bien ce que cela peut être. Mais il semblerait que ça ait rapport avec la dague… Du moins, ça me paraît logique que ce soit le cas. Sinon, il n’en aurait pas parlé juste avant. Mais quoi… Je l’observe de ces quelques mètres, celui-ci me rendant curieuse. Que dois-je faire pour l’aider ? Voilà qu’il sort sa dague, celle-ci devant moi. Il veut que je la prenne ? Un sourire un peu étrange vient se poser sur mes lèvres. Il me prend pour quoi ? Je ne vois pas pourquoi ni comment je pourrai prendre particulièrement celle-ci et pas les autres. C’est vrai qu’elle m’appelle, je lui ai dit. Ce n’est pas parce que cette lame peut m’atteindre mentalement que je peux forcément la toucher. Mais si c’est vraiment ce qu’il veut…autant confirmer que je ne suis qu’un esprit, non ? Je tends donc mon bras vers lui, ma main aussi et soupire. Bras trop court…Je m’approche à nouveau de lui, tout doucement, pas très confiante, et passe de lui à la dague tour à tour, espérant que ce n’est pas un mauvais coup qu’il me joue. Avec sa magie, là, il pourrait en profiter pour m’attaquer, chose que je ne veux pas… Mes doigts finissent par toucher le manche. Mais ils n’y restent pas longtemps. Cela fait comme un choc à l’intérieur de moi, m’apeurant. Je m’éloigne un peu de lui, d’elle… Les yeux grands ouverts… Si je n’étais pas un esprit, on verrait peut être des larmes couler sur mes joues, mais ce n’est pas le cas, alors il peut s’imaginer tout ce qu’il veut. J’aurais bien aimé parler, dire quelque chose…Mais aucun son n’arrive à parcourir mes lèvres. Je reste ainsi, sans bouger, pendant un moment. Avant de retrouver peu à peu mes esprits… La première idée qui me vient c’est de m’enfuir. Mon regard se pose un peu plus loin. Je ne bouge toujours pas, du moins avant de voir quelque chose d’intéressant. Une sorte de boite… Je fonce donc sur celle-ci, qui se trouve sur le côté, et passe à travers pour me recroqueviller dedans, sans qu’une seule partie de mon corps ne dépasse. Et vous devinez ce qu’il peut entendre ? Des pleurs… Ne me demandez pas pourquoi… Je ne sais pas… Pourtant, aucune larme ne coule… J’ai juste…peur…

Je reste là dedans à attendre tranquillement, commençant à me calmer. Je ne fais pas vraiment attention au fait que ses pas s’approchent ou pas de moi, même si ça risque d’être le cas. Après tout, il risque bien de me poser une question, ou simplement pour me prendre pour une idiote ou repartir. Mais s’il voulait vraiment vérifier quelque chose, il va sûrement venir jusqu’ici… Je reste donc sans bouger, l’attendant. Puis, s’il ne revient pas, je repartirai tranquillement de là où je viens… C’est alors que j’entends sa voix. Il semble plutôt proche… Et une question des plus étranges, je dois dire. Pourquoi….quelle bonne question. Alors que je m’apprête à lui répondre, après quelques instants de réflexion, voilà que j’entends à nouveau sa voix. Il m’a effrayée ? Il ne m’a rien fait, lui. Ce serait plutôt à la dague de s’excuser… Puis, je pense que nous sommes quittes. Après tout, je lui avais fait peur, moi aussi. Et, pour la troisième fois, voilà qu’il me parle…d’une question que je ne me suis jamais posée. Je me mets donc à réfléchir sur ce que cela pourrait faire, d’être matériel. Une question qui ne semble pas avoir de sens, enfin en partie. Si je me suis sentie étrange, c’est peut être à cause de sa dague. Enfin, ce n’est qu’une hypothèse. S’il pose la question, c’est qu’il sait peut être comment… Je sors alors ma tête de la boîte, me retrouvant face à lui en le regardant. Je reste un moment ainsi, puis dis de la même voix qu’auparavant….

« Dis, tu peux…matérialiser ? »

Je réfléchis en regardant un peu partout. Je ne savais pas quoi penser de ce qu’il venait de me dire, même si le fait que je puisse toucher la dague semble normal en sachant, ou du moins pensant, cela…

« Et, étant un esprit depuis toujours… Je ne peux pas dire ce qui est le mieux, entre matériel et immatériel. »

Je baisse alors un instant les yeux, mais sort totalement de la boite pour me retrouver avec les pieds presque sur le sol, entre lui et cette chose en bois. Et, question franche finalement…

« Qu’est ce que tu veux de moi ? »

Je le fixe, droit dans les yeux. Je veux une réponse… Okay, ça peut être beau d’être matériel. Mais en quoi cela serait bien pour moi ? Je ne vois pas quels avantages je peux avoir… Il suffit juste de lui poser la question, non ?

« J’aurais quels avantages, à devenir…matérielle ? »

Je pense que je serai plus vulnérable, puisqu’étant matérielle… Les objets de la vie courante pourraient me toucher. Je ressentirai des choses que je ne connais pas. Qui sait, cela pourrait peut être me rendre folle…

J’attends les réponses à toutes ces questions, ne bougeant pas en continuant de l’observer, toujours avec le même sérieux qu’auparavant. Sa voix s’élève alors dans ce silence, ayant même l’impression que l’exemple est fait exprès. Mais, dites-moi, vous connaissez d’autres êtres vivants que les esprits qui sont immatériels ? Pas moi. Sa prochaine réponse ne me plait pas vraiment. Si l’envie de pleurer fait partie de ces « avantages », non merci. Enfin, il doit bien y avoir autre chose. Après tout, il semble bien tel qu’il est. Tout a ses avantages et ses inconvénients. C’est alors qu’il confirme ce que je viens juste de penser. Inconvénient ? La mort en serait-il un ? Il vaut peut être mieux mourir que vivre éternellement. Enfin, je n’en sais rien. Puis, la dernière parole qu’il prononce pour le moment. Un mot…contrat. Contrat. Il me donne la matérialité. Et ? Je réfléchis l’espace d’un instant avant de m’éloigner un peu, mes pieds se retrouvant dans la boîte.

« Quelque chose me chiffonne »

Je ne sais pas ce que cela signifie exactement, mais peu importe. Tout ça pour dire que quelque chose passe au-dessus de ma tête…

« Tu parles de contrat, non ? »

Je ne quitte pas son regard du sien, le regardant toujours droit dans les yeux. Il a beau avoir l’air sérieux, il ne me dit pas tout. Est-ce une raison pour refuser ? Je ne crois pas.

« Tu me donnes la matérialité… »

J’en reste là, sans bouger pendant quelques secondes, essayant qu’il devine par lui-même ce que je vais ensuite dire. Et je continue.

« Je dois te donner quoi en échange ? »

Tout à l’heure, c’était ça que je voulais dire, même s’il ne l’a peut être pas compris ainsi. Ce que cette question signifiait : Qu’est-ce que tu veux de moi ? Maintenant qu’elle est mieux posée, il devrait pouvoir me le dire tranquillement. J’ajoute enfin, fermant un instant les yeux avec de les rouvrir à moitié.

« Cela semble important pour toi. »

Wouha, quelle belle affirmation. C’est vrai, quoi. Il est si sérieux. Qui ne le prendrait pas au sérieux ? Même si je ne sais pas exactement ce qu’il a derrière la tête, c’est sûr, ce doit être important. Un faible sourire….assez étrange, qui n’aurait rien à faire là, vient se poser sur mes lèvres.

« Peu importe ce que je dois te donner, si cela signifie… »

Je me rapproche alors d’un coup de lui, posant ma main juste sous son menton sans pour autant le toucher, mes lèvres se retrouvant assez proches de son oreille, avant de murmurer ensuite, d’une voix très douce.

« …vivre… Je ne vois pas pourquoi je refuserai cela… »

Je m’éloigne à nouveau de lui, à à peine un mètre et l’observe, les yeux légèrement baissés, attendant ensuite qu’il fasse ce dont il a tant envie…

Alors que je m’attends à ce qu’il se rapproche de moi, pour faire je ne sais quoi qui me lierai à lui pour ce pacte, il ne bouge pas… Je continue d’observer un petit bout de sol et ses pieds qui sont dessus, essayant de m’imaginer faire la même chose même si cela relève de l’impossible pour mon esprit… Et dire que je pourrai faire la même chose… Quel esprit n’en rêverait pas ? N’ayant pas connu beaucoup d’anges et autre, je n’ai aucune idée de ce qu’il m’arrivera une fois matérielle… Voilà que sa voix brise alors le silence. Il n’a besoin de rien ? Etrange… Je ne m’y attendais pas beaucoup. Mais si tel est le cas, tant mieux, non ? Par contre, je me demande pourquoi il aurait envie de rendre matérielle une esprit dont il ne connait que son nom. J’attends alors la réponse à mes autres questions, tranquillement, et à ses paroles suivantes, je relève les yeux en l’interrogeant du regard. Être forte ? C’est bizarre ça… Je ne vois pas trop en quoi, mais bon. Je remarque alors qu’il sort la dague de là où il l’avait rangée, et je la suis des yeux. Ses mots ne me firent aucun effet. Endurer ça ? Endurer quoi ? Je ne comprends pas ce qu’il me dit… Je ne comprends pas… Je reste là à l’observer.

« J-je comprends pas. »

Je laisse alors un blanc pendant un moment. Il devrait comprendre ce que moi je ne comprends pas, non ?

« Tu sais, il y a autre chose que je ne comprends pas. D’accord, tu me mets en garde. Tu veux que je sois d’accord. Je t’ai dit que je l’étais. Pourquoi me le dire ? Tu veux me rendre hésitante ? Si c’est le cas, c’est gagné. »

Je soupire alors en baissant à nouveau les yeux au sol et réfléchissant. Très lentement, je me rapproche de lui et tend le bras vers lui, mettant mon doigt juste devant son front comme si je voulais le toucher. Je le regarde avec un air interrogateur.

« Tu veux le faire où, le signe ? Sur la main ? »

Et je continue de réfléchir, laissant ma main là où elle est. J’ai beau être hésitante, j’ai dit que j’acceptais juste avant. Il m’arrive encore de respecter ce que je dis… et mes lèvres se mettent à bouger, murmurant doucement.

« Tu dis que ça fait mal, non ? Est-ce que…ça va faire comme tout à l’heure… ? Enfin, peu importe… Mais, s’il te plait. Une fois que tu auras commencé… Même si ça fait vraiment mal… Retiens-moi… Certains disent que, plus la douleur est forte, plus ça peut valoir le coup, non ? Je ne comprends pas cette phrase mais bon… »

J’attends à nouveau en rebaissant les yeux sur le sol, cherchant quelque chose. Plus je pense à ce qu’il veut me faire, moins j’arrive à comprendre ce qu’il m’arriver. C’est étrange…

Alors que j’observe le sol et attends tranquillement, après quelques instants, rien ne se passe. Enfin, si. Sa voix brise à nouveau ce silence et je relève les yeux vers lui. Ça en vaut drôlement le coup ? Drôlement ? Comment ça ?... Que l’on m’explique… Je ne comprends pas. A moins que ça ne signifie que ça en vaille le coup. Beaucoup. Il semblerait, en tous cas, vu son sourire. Mais celui-ci disparait bien vite pour avoir, à nouveau, ce visage neutre qui semble ne rien éprouver. Sauf que, finalement, ça n’a pas l’air d’être le cas… Je regarde alors sa main qui tient la dague, attendant toujours sans bouger ni même parler. Je suis son autre main qu’il mord jusqu’au sang, celui-ci se mettant à couler. Chose qui me perturbe d’ailleurs un peu. Il fait quoi là ? Il prononce alors quelque chose que je ne comprends pas. A part peut être Immaterial qui ressemble à immatériel. Et chop ? C’est quoi ça ? Je ne sais pas et cela ne m’intéresse pas trop en fait… Je regarde toujours son sang couler qui se met à devenir noir. Je suis un peu…hum, déboussolée, mais l’observe sans un mot. Sa main se rapproche alors de mon poignet, venant attraper celui-ci. J’en arrive même à ressentir sa chaleur, qui me paraît vraiment étrange. Sa voix se fait à nouveau entendre. C’est parti…ce qui signifie donc qu’il va commencer… J’observe toujours ses mains, les deux. Sa dague qui tourne ne me rassure pas trop non plus. Sa lame est alors pointée vers ma main et je la regarde s’approcher sans une once de peur dans mes yeux ni même un tremblement. Pourquoi un esprit tremblerait… ?

La lame touche alors ma peau. Je ne peux pas m’empêcher de fermer les yeux, n’ayant qu’une envie : me sauver en courant. Ce que je ressens me parait indescriptible. Tellement douloureux que je vais en mourir. Pourquoi un esprit ressentirait la mort ? Ou du moins cette impression... Bah, tant de questions. Là où la lame passe, je peux sentir un liquide encore plus chaud que mon corps lui-même, qui glisse le long de celui-ci avant de partir complètement de mon corps. D’un côté, j’aimerai bien savoir ce que c’est, mais je ne veux pas rouvrir les yeux, ce que je ressens étant trop fort, je m’obligeais à les fermer. Cependant, je veux voir. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je finis alors par en rouvrir un. Mes yeux se mettent soudainement à devenir humides et des choses coulent de long de mes joues. Pendant qu’il fait son dessin, je remarque que ma main, par rapport au reste de mon corps, a pris une teinte plus beige que blanche. Le reste de mon bras commence aussi, à prendre cette couleur, au fur et à mesure qu’il continue. En fait, actuellement, je n’ai qu’une envie : me laisser tomber sur le sol. Seulement, je ne peux pas… Puis je regarde à nouveau ma main. Un liquide rouge en sort toujours… Il me paraît maintenant aussi chaud que mon corps. Ce n’est qu’un truc qui coule comme un autre sur ma peau… La douleur continue de se faire plus importante. Je l’aurais presque oubliée s’il n’avait pas mis sa lame ici, trop intriguée par ce qu’il m’arrive. D’ailleurs un peu surprise de la sentir encore plus forte qu’elle ne l’était, je ne pus m’empêcher de crier. Un cri aigu sort de ma bouche. Pendant un court instant. Juste quelques secondes. Je baisse à nouveau les yeux au sol et referme les yeux, murmurant des choses que personne ne peut comprendre. En fait, c’est plutôt que ça ne veut rien dire. J’essaye juste d’occuper mon esprit pendant qu’il fait cela…

Pour occuper celui-ci, je me mets même à me demander pourquoi, finalement, je fais ça. Et puis. Boum boum boum boum. C’est quoi ce bruit ? La douleur est toujours présente, des larmes coulent toujours sur mes joues mais il semble avoir fini. Je rouvre alors les yeux, toute perdue en regardant partout. Ma main, toujours en sang, me fait vraiment mal. Mais mes yeux sont trop occupés à regarder mon corps. J-je suis…assise sur le sol ? Il est froid… Une chose étrange parcourt tout mon corps et je me mets à trembler. Les larmes se font plus nombreuses. Des ruisseaux se créent entre mes yeux et la fin de mon visage. Une eau froide… Sans y faire attention je finis même par y passer ma langue dessus et ne peux m’empêcher de m’exclamer, trouvant d’ailleurs d’autres choses à dire…

« C’est quoi ce truc !? Pourquoi j’entends des bruits bizarres ? Pourquoi…je tremble comme une feuille ? J-je…… JE SUIS DEVENUE QUOI ? »

Je continue de trembler et observe le sol un moment, puis ma main.

« ça fait mal… Je comprends rien…. Qu’est ce qui m’arrive ? »

Les larmes continuent de couler sous mes yeux tandis que je l’interroge du regard…

Alors que je l’interroge toujours en restant silencieuse, sa main se rapproche de moi. Mes yeux la suivent tranquillement alors qu’il vient toucher ma joue et même la caresser. Sa main me parait vraiment chaude et un long frisson parcourt mon corps, me faisant bouger un peu sur place tandis que je garde un œil sur sa main. J’entends alors sa voix. Il m’indique donc que cela est fini, je suis matérielle. Ma joue qui était humide se fait un peu sécher par sa main bien que l’autre le reste toujours, et quelques larmes continuent de couler. Je n’arrive pas à les retenir. Même si elles sont moins nombreuses et que la douleur semble en partie s’être sauvée. Je vois alors un autre de ses doigts se rapprocher de mon corps, montrant d’ailleurs une partie de celle-ci qui se trouve en dessous de mon cou et près de…choses légèrement rondes dont le nom m’est sorti de l’esprit. J’entends à nouveau ses paroles résonner dans mes oreilles. Ce serait donc un cœur ? Je ne vois pas à quoi tout ce que j’ai peut me servir. Pourquoi je tremble ? A quoi ça sert ? A rien, je crois. Tant de choses qui paraissent inutiles… Ses doigts s’en vont alors et il retire une chose noire qu’il avait sur lui afin de la poser sur moi. Je suis un peu surprise par la taille de cette cape qui me parait bien lourde pour ce que c’est. Celle-ci est vraiment très longue et traine tranquillement sur le sol. D’ailleurs, un truc noir me retombe aussi sur la tête, m’empêchant de voir correctement. Je secoue un peu la tête pour ensuite la relever et continuer de l’observer. Et oui, après tout, je suis assise, mais que je le sois ou pas, il parait toujours grand. J’observe un instant ma main en la tournant un peu. Celle-ci me fait toujours mal mais il semblerait que ça ait arrêté de saigner, formant un trait rouge sang sur le signe qu’il a fait dans ma peau. Ma voix vient alors briser le silence, ce qui semble être une capuche retombant sur le haut de mon front et recouvrant un peu mes yeux.

« Dis…ça sert à-à quoi, un cœur ? et....de trembler? »

Depuis qu’il m’a fait ce signe, je ne sais pas pourquoi, mais j’hésite un peu à parler. Je soupire ensuite et viens poser mes deux mains au sol en grimaçant, la douleur toujours un peu présente. Je les fais donc avancer pour venir m’approcher de lui. Je le regarde et ne comprends pas pourquoi, mais d’un coup, je commence à avoir chaud, du moins sur mes joues. Elles semblent brûler sous un joli feu de camp, bien qu’il n’y ait rien. J’enlève alors mes mains du sol pour venir les poser sur ses épaules à lui. Je m’appuie bien sur Yuichi, ayant toujours un peu chaud aux joues, et tente de soulever ce corps qui n’était pas le mien. En faisant cela, la cape vient glisser sur mon dos avant de retomber jusque mes pieds. Je me mets à nouveau à trembler puis essaye de lâcher ses épaules afin de me retourner. Mais malheureusement pour moi, je fais un faux pas et me retrouve à nouveau au sol en soupirant, puis je murmure.

« Dur de marcher…. »

Je ferme un peu les yeux puis retourne m’abriter sous la cape en la serrant autour de moi, essayant d’arrêter ces tremblements et de réchauffer le sol sur lequel je suis assise.